Qui fait le malin tombe dans le ravin

Avec Joane, la vérité est ailleurs

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Pour accompagner la sortie de son premier EP, Joane ne voyait nul autre endroit que l’Eden pour le tournage de son concert virtuel. Avec son univers onirique et inspirant, l’artiste polymorphe nous entraine hors du temps et de l’espace. Bienvenue dans cette rencontre du troisième type.

Joane, qui es-tu ?

Je suis Joane, artiste carolo multidisciplinaire, un caméléon. Mais je ne me définis pas trop. J’ai surtout envie de toucher les personnes à travers les histoires que j’essaie de raconter ; des personnes qui ont un besoin de se sentir libres ou qui se sentent libres.

Une fragilité dans la force et inversement…

Je suis quelqu’un de sensible. Ça me permet d’être sincère et vrai. Je peux vite me connecter aux émotions et ressentir l’énergie des gens. Je suis assez emphatique, les autres m’inspirent énormément.

Ma plus grande force, c’est la débrouillardise. Je suis quelqu’un d’assez indépendant. Dans la vie, on ne peut compter que sur soi. L’aide est toujours bienvenue, évidemment, mais il ne faut pas avoir trop d’attentes. Je gère mon site moi-même, je m’occupe des visuels, je réalise mes clips, je mets en place la mise en scène, je vais chercher le matériel, je cours partout, c’est ça ma force. C’est de savoir un peu tout faire et de trouver des plans B. Beaucoup de gens m’aident et me soutiennent, et ça ne fait que renforcer tout ça. C’est des bonus, pas des attentes de ma part.

Tu nous parles de ton nouveau projet ?

J’ai sorti mon premier EP, Cheveux Longs, le 22 janvier. C’est un EP qui se veut autobiographique, avec les premières chansons que j’ai écrites, qui permettent de découvrir plusieurs de mes facettes. J’y évoque des thématiques telles que la différence, la confiance en soi, l’amour pluriel.

En cette période un peu troublée, c’est une petite touche d’espoir aux personnes qui t’écoutent ?

Oui, je pense que c’est une de nos missions en tant qu’artistes. Question de temps est une chanson qui parle du confinement et de ce besoin de se retrouver. J’ai envie d’être prêt pour ce jour-là,  parce qu’on aura besoin divertir et on n’en prend pas assez conscience. Lorsque tout ça va se terminer, il va falloir réengager ces artistes pour organiser ces grands rassemblements.

Comment tu envisages la sortie de cette situation ?

Je pense que la difficulté (pour tout le monde), c’est d’être dans l’incertitude et de ne pas avoir de date. On aime bien planifier et se préparer. La seule chose qu’on peut faire, c’est anticiper. Justement, la résidence effectuée à l’Eden me permet ça. On a démarré un travail de construction d’un live pour le jour où les concerts reprendront. Et si jamais on reste dans ce confinement, on va quand même continuer à composer et garder le lien.

Avec le projet Joane, tu es sorti d’un cocon plutôt que t’enfermer dans quelque chose ?

Oui, Joane c’est un épanouissement total ! C’est vraiment moi et ça peut encore évoluer ! J’aime bien l’image du caméléon. Dans le personnage de Joane, je m’inspire beaucoup du théâtre avec des personnages qu’on peut interpréter, même si mes chansons sont plutôt autobiographiques. J’ai rarement écrit sur des choses que je ne connaissais pas ou que je n’avais pas vécues.

Dans tes clips,  il y a une image toute particulière. Quelles sont tes influences ?

J’aime beaucoup Christine and the Queens. Leurs lives sont tellement aboutis que ça me fait penser à de l’opéra. Tout prend sens : le jeu, les lumières, le son… ça fait un tout. J’aime aussi beaucoup David Bowie pour ce côté caméléon. Il n’en faisait qu’à sa tête. Ou encore Prince ! Est-ce que la façon dont il s’habillait dans les années 70 passerait encore aujourd’hui ? J’aime les gens qui ont un univers assez fort. Dans les personnalités actuelles, j’aime bien Mustii. Il fait du chant, du cinéma… ça me parle tout ça.

Ta seconde maison, on peut dire que c’est l’Eden… C’est quoi ton premier souvenir ? Comment l’Eden t’a accompagné dans ta vie professionnelle ?

Ce qui m’a donné l’envie de faire de la scène, c’est d’être allé voir plein de spectacle avec l’école quand j’étais petit. Je me souviens très bien de mon premier spectacle, à l’école, organisé par l’Eden. Puis, je suis venu à l’Eden pour le théâtre et puis mon premier concert à la fin de mon parcours à l’université.

C’est donc normal, quand j’ai commencé à faire de la musique, que mon lien se resserre avec l’Eden. Par exemple, lors de l’Envol des Cités, c’est ici qu’on a joué. J’ai aussi fait la première partie de Puggy avec Rising Sparks. Aujourd’hui, j’y fais cette résidence. Pour moi, c’est un lieu de retrouvailles et de rencontres.

C’est comment Charleroi à travers ton regard de Joane ?

Avec Charleroi, c’est « Je t’aime, moi non plus« . J’adore ma ville. Il y a comme quelque chose de réconfortant. C’est une ville qui offre beaucoup de possibilités. Quand tu t’impliques dans une des activités que la ville te propose tu peux vite faire des rencontres et évoluer. Tu peux t’y faire ta place. Et ça te permet de rencontrer des qui gens viennent de partout pour passer un moment au Rockerill, à l’Eden, au PBA, à l’Ancre, au Cabaret 2000… L’offre culturelle est hyper variée et la liste des acteurs culturels à Charleroi est immense.

Bon, c’est clair que certains quartiers font encore peur. Si je devais rentrer chez moi après le Grand Bal Blanc, je ne serais pas rassuré. J’espère qu’on arrivera à trouver une solution pour que ça évolue de ce côté. Par contre, j’habite dans un coin qui a plutôt mauvaise réputation mais je n’ai jamais vu de voisins aussi solidaires et accueillants que chez moi. Je pense que dans les quartiers les moins rassurants, les personnes ont juste besoin de se sentir intégrées.

T’y as quand même ton endroit préféré ?

Ça varie en fonction de mes besoins particuliers. J’aime beaucoup mon chez moi (rires).

J’adore le terril du Martinet, c’est là où j’ai réalisé mon clip pour Question de temps. Si j’ai besoin de me changer les idées ou de prendre l’air tout simplement, je vais m’y promener. Le nouvel aménagement du parc de Monceau est également magnifique. C’est un dépaysement total. C’est mon parc préféré.

Pour m’inspirer, j’adore le BPS22. En plus le personnel est vraiment cool. Avant, je ne pigeais rien du tout à l’art contemporain. Je me demandais : “Pourquoi ?”. Un jour, j’y suis allé sans me poser de questions. Ils m’ont aussi permis d’enregistrer mon premier clip vidéo Différent et un photo shoot. Encore une belle preuve du soutien à Charleroi, il suffit d’oser.

Pour les sorties, c’est l’Eden. C’est le seul endroit où il y a des soirées un peu décalées. Comme le Grand Bal Blanc, c’est mon bal. Depuis que j’ai regardé la série Pose sur Netflix, c’est mon bal à l’américaine. Il n’y a que là qu’on peut faire tout ce qui s’y passe. Toutes ces soirées, on ne les retrouve nulle part ailleurs. En plus, tout le monde se connait. Tu as l’impression d’être chez toi. Même mes potes de Bruxelles viennent parce qu’ils savent bien à quoi s’attendre.

J’aime aussi tous les petits bars et les petits cafés moins connus. J’adore la Cuve à Bière, c’est là où j’ai passé ma jeunesse. J’aime me perdre dans les villes. La ville change beaucoup. Il y a des zones qui s’effacent petit à petit et d’autres qui revivent, c’est chouette.

Mes amis disent qu’à Charleroi, tout le monde se connait. En fait c’est parce que quand tu rencontres quelqu’un, directement on se tutoie et on s’appelle « m’chou ». Il n’y a qu’ici qu’on voit ça. Même si on ne se connait pas, on est copains et copines.

Est-ce que tu as un message à faire passer ?

Je voudrais évidemment remercier les personnes qui soutiennent mon projet. C’est difficile de faire du bruit en tant qu’artiste émergeant sans tout ce soutien. C’est grâce à ça que j’ai la motivation et la force de continuer. Quand on crée quelque chose, on aimerait que ça soit partagé ! J’espère que les gens seront présents quand on se retrouvera. Pour la suite, soyons patients, cette période n’est pas facile. Je donne aussi des cours de comédie musicale au CPAS et je pense à toutes les personnes les plus isolées qui ne font plus rien depuis maintenant un an. À toutes ces personnes, courage ! J’espère qu’on pourra vite se retrouver et fêter ça, que ce soit à l’Eden ou ailleurs.

N’oubliez pas de prendre des nouvelles de vos proches. En cette période, c’est facile de s’oublier et de s’isoler. Mais continuons à prendre soin les uns des autres !

(Propos recueillis par Arnaud)

 

Rendez-vous le 9 avril pour la diffusion du live ! 

 

 

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Photos © Ashley De Buck