Carolove

À l’Eden, on défend les formes d’expression urbaines

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Hip-hop, slam, rap, street art, roller, skate, parkour… Autant de disciplines culturelles, sportives et/ou artistiques qui en disent bien plus long sur Charleroi qu’on ne l’imagine !

De quoi parle-t-on ?

« Les cultures urbaines, c’est un ensemble de pratiques culturelles, sportives, artistiques qui naissent de l’urbain », explique Vincent Lorge, sociologue de formation, président de l’asbl Roll and Ride. « Ce sont des disciplines en mouvement », ajoute Marco Martiniello, professeur de sociologie des migrations à l’Université de Liège et directeur de recherche au FNRS. « Des pratiques artistiques qui se développent en ville, touchent un public et des participants urbains et contribuent au tissu social. »

Niche ou mainstream ?

« Même si il devient de plus en plus difficile de passer à côté, cela reste encore des cultures de niche, mal connues, souffrant parfois de stéréotypes », commente Vincent Lorge. « Alors que la culture dominante a tendance à tout uniformiser aux quatre coins du globe, les cultures urbaines, elles, représentent le côté alternatif. Elles jaillissent dans les espaces délaissés par cette culture mainstream et sont, du coup, plus libres, plus diversifiées. Elles fonctionnent chacune avec leurs codes (vestimentaires, notamment), leurs valeurs, leurs manières de penser et d’agir, leur public. Que chacun cultive sa spécificité, c’est peut-être ça leur dénominateur commun ! »

Comme le remarque Marco Martiniello : « À l’origine, les graffitis renvoyaient soit à la résistance politique, soit à une atteinte à l’environnement. Aujourd’hui, un artiste comme Banksy est quand même très mainstream. Même constat pour les danses associées au hip-hop, de plus en plus médiatisées via les concours télévisés. Sans parler du rap et du slam qui n’attirent plus le même public qu’au début du mouvement. Autrement dit, on assiste à une « mainstreamisation » de pratiques autrefois tout à fait underground. Cela ne veut pas dire qu’elles perdent de leur sens, juste peut-être qu’elles en acquièrent un nouveau. Mais pas question pour autant de généraliser : certains acteurs, notamment des rappeurs, continuent à affirmer certaines revendications. Les deux courants coexistent. »

 

BlockParty : place aux pratiques urbaines – Septembre 2017 @Charleroi

Pourquoi l’Eden s’y intéresse ?

L’Eden se veut le reflet de Charleroi et de son bouillonnement culturel. Dans la mesure où la ville compte de plus en plus d’associations et de porteurs de projets actifs dans les cultures urbaines, il est logique que ces pratiques prennent une place de plus en plus significative au sein de sa programmation et de ses partenariats. « Le rôle d’un centre culturel, c’est de prendre en considération toutes les expressions culturelles et artistiques qui font sens sur un territoire, qu’elles soient émergentes ou déjà bien implantées », explique Fabrice Laurent, directeur de l’Eden. « L’idée, c’est de les repérer, mais aussi de les encourager. Comment ? De manière très concrète, en permettant à certaines activités d’avoir lieu (mise à disposition des infrastructures, soutien financier) et en donnant de la visibilité à ces énergies et à ces talents. Le fait que les slams de poésie, le Hip Hop A6000, la Roller Disco, l’ABBC ou le End Of The Weak se déroulent à l’Eden offre à ces pratiques une caisse de résonance. »

 

Une soirée slam à l’Eden @Eden Charleroi

Et le directeur de l’Eden d’ajouter : « Ces expressions culturelles sont en phase avec les spécificités de notre territoire, avec ses paysages industriels et son centre-ville en béton. Aujourd’hui, plus de la moitié de l’humanité vit en ville. Nous évoluons dans un contexte d’urbanisation, de mondialisation, de forte influence de la culture anglo-saxonne… Que les premières propositions de partenariats reçues lorsque j’ai pris la direction du centre culturel aient été émises par le Roller Derby, Back in the Dayz, Goslam City, Temps Danses Urbaines…, cela veut dire quelque chose sur Charleroi. Que les t-shirts et autres accessoires streetwear Made in Charleroi connaissent un tel engouement, aussi. Les pratiques urbaines font sens dans une grande ville comme Charleroi. »

 

La roller disco, l’un des évènements les plus attendus en début de saison @Eden Charleroi

Pourquoi tout le monde en profite ?

« À travers les projets socio-culturels qu’ils défendent, les centres culturels, comme l’Eden, peuvent servir la création mais aussi contribuer au sentiment d’appartenance à un territoire, doper la citoyenneté locale ainsi que le vivre et faire ensemble », conclut Marco Martiniello. « Ils jettent des ponts entre les différentes populations, créent du lien, suscitent l’engagement, favorisent la ‘co-intégration’ par la participation culturelle et sociale. Leur rôle est crucial dans notre monde extrêmement fragmenté et en crise. La culture ne va pas tout résoudre, bien sûr, mais le dynamisme culturel est quand même un levier important, surtout quand il est ascendant et soutenu par les pouvoirs politiques. »

Envie d’en savoir plus sur les pratiques urbaines ?

Ça tombe bien, elles sont à l’honneur en mars à l’Eden :
Le 14/3 à 19 h, débat d’idées « Cultures urbaines en question » ;
Le 15/3 à 19h30, slam de poésie ;
Le 16/3 à 21 h, Digital Bastard Release Party ;
Les 24 et 25/3 dès 10 h, Dance contest Hip Hop A6000.